L’anxiété de performance peut se transmettre à nos enfants. En effet, les attentes de la société et les injonctions sont nombreuses. Chacun d’entre nous doit performer dans les différents domaines qui composent sa vie : son travail, ses amours, sa vie de famille, ses amis… Et on peut aussi en ajouter plein d’autres : sa santé, son apparence, sa culture, etc. En somme tout ce qui peut concourir à ce qu’on aime appeler la réussite. Parfois même, certaines attentes sont contradictoires et pourtant on tente coûte que coûte d’y parvenir.
Chaque société impose un modèle vers lequel chacun.e essaie inconsciemment de tendre. Lorsque vous vous laissez griser par ce jeu de course à l’échalotte, cela peut vous conduire à ce que l’on appelle l’anxiété de performance. Sans même vous en rendre compte elle peut s’immiscer dans les valeurs de votre éducation et avoir pour conséquence de l’anxiété chez vos enfants…
Qu’est-ce que l’anxiété ?
Un mécanisme normal
L’anxiété à la base repose sur un mécanisme d’anticipation qui n’est pas problématique. En effet, c’est un mécanisme assez bien fait qui nous permet de nous préparer à un éventualité qui pourrait se produire dans un futur plus ou moins proche. Le cerveau produit des images, des idées qui nous font imaginer ce qui pourrait se produire plus tard afin de prévenir d’éventuels problèmes. Cela se produit dans les rêves mais aussi tout au long de la journée. C’est aussi ce qui nous permet d’avoir des idées, des projets, des envies.
Une tournure négative
Le mécanisme est grippé lorsqu’un sujet tourne en boucle, et pas forcément autour d’une crainte légitime. En effet, parfois on « se monte le bourrichon » comme on dit. C’est-à-dire qu’on a élaboré, souvent malgré nous, un scénario sur ce qui allait se produire « si… ». Et là c’est le début d’un tourbillon de pensées irrationnelles. C’est-à-dire qu’on reste dans notre scénario en s’écartant progressivement, il faut bien le dire, de la réalité. Sauf qu’au moment où il se produit cela dans notre tête, pour nous, le scénario est une vraie préoccupation. C’est bien réel ou en tout cas, on croit dur comme fer que cela va le devenir.
Nos pensées sont alors exagérées, et comme notre cerveau cherche des issues, des solutions, ça va tourner en boucle. Encore et encore. Il n’y a concrètement pas de solutions car on décale la réalité, on « se fait des films ». Cela devient envahissant et parfois cela nous bloque dans certaines actions et/ou circonstances. Cela peut aller jusqu’à produire des émotions douloureuses. N’avez-vous pas déjà vu un enfant se mettre à pleurer parce qu’il allait être en retard ou parce qu’il n’avait pas eu le temps de finir un devoir ? L’anticipation de la conséquence met l’enfant dans tous ses états, il n’envisage pas d’autre solution, il se sent acculé.
Vous l’aurez compris, l’inquiétude, la peur des conséquences des scénarii imaginés est le lit de l’anxiété. Et les pensées irrationnelles qui se développent, en particulier chez nos enfants nourrissent des croyances limitantes qui risquent de les accompagner toute leur vie.
Et l’anxiété de performance ?
Une fausse qualité…
L’anxiété de performance comme son nom l’indique est l’anxiété qui concerne plus particulièrement ce que l’on fait. C’est un état d’esprit qui est souvent valorisé dans notre société car il permet la compétition, le dépassement, la recherche de perfection. Très recherché durant les études, dans l’entreprise et dans le monde du sport. L’idée de faire plus, faire mieux, sans fin – on revient à l’image de l’échalotte, n’est-ce pas ? Par conséquent bien souvent, les gens considèrent que ça n’est pas un problème. D’ailleurs, le perfectionnisme n’est-il pas la qualité qu’il est bon de donner en entretien d’embauche ? Or, le monde de l’entreprise est instable, ces dernières années nous ont rappelé au combien les choses n’étaient pas immuables et surtout comment l’imprévu pouvait s’inviter. Quel perfection chercher lorsque le cadre évolue si vite ? Cultiver cet état d’esprit risque de vous amener à votre propre perte et évidemment d’influencer grandement la façon dont vos enfants vont envisager les choses à leur tour… D’autant qu’attendre la perfection d’adultes en devenir est une injonction intenable. Grandir n’est-ce pas expérimenter, tester, apprendre, faire des erreurs pour comprendre et avancer ? Mais aussi avoir confiance, se sentir en sécurité dans un environnement bienveillant et encourageant ?
… qui engendre un cercle vicieux
Les personnes qui cherchent une perfection absolue dans tout ce qu’ils entreprennent sont souvent dans un état de tension physique permanente. Ils ne s’autorisent pas à lâcher. S’attendre à ce que l’enfant fasse toujours mieux n’est pas la même chose que de l’encourager dans ses possibilités et selon son rythme. Ce perfectionnisme qui induit une peur de l’échec ou de l’imperfection se transmet à notre insu dans notre éducation. Cela sous-tend que nul ne sera jamais à la hauteur et que les efforts ne seront jamais assez grands. Vous voyez le cercle vicieux ?
Notre anxiété de performance et celle des enfants
Comment repérer les signes sur soi-même ?
Si vous vous retrouvez dans une de attitudes ci-dessous, peut-être que c’est le moment d’apprendre à lâcher un peu et de tempérer votre énergie ?
- Difficulté à laisser les choses se faire.
- Volonté de trop bien faire.
- Avoir du mal à accepter que ce ne soit pas parfait (y compris pour une posture).
- Capacité à toujours anticiper les moindres problèmes.
- Tendance à imaginer le pire.
- Besoin de savoir un maximum de choses à l’avance (organisation des vacances par exemple).
- Ne pas aimer se « poser » sans rien faire du tout.
- Guetter des « signes » qui valident l’imagination et justifient l’inquiétude.
Vous pouvez être concerné par un ou plusieurs signes. Mais surtout, l’intensité émotionnelle risque de monter crescendo si quelque chose ou quelqu’un vous empêche d’accomplir l’action telle que vous aviez prévue. Comme si le contrôle permettait d’éloigner la peur…
Essayer de repérer des signes d’anxiété chez votre enfant
- Il refuse de faire une activité (jeu par exemple) car il ne connait pas => avec la crainte de perdre face à des joueurs expérimentés.
- Il a une réaction démesurée face à un retard ou un oubli de votre part (en lien avec l’école par exemple) => l’idée que lui avait tout préparé mais que par votre faute, tout va capoter.
- Il se projette dans l’échec avant même d’avoir essayé (match, examen, …) c’est le fameux « je n’y arriverai jamais » avec en plus la volonté de ne pas s’exposer au risque de perdre.
- Ces réactions peuvent s’accompagner de transpiration excessive, larmes aux yeux, de corps qui se raidit. Autrement dit de signes qui indiquent que le sujet est sensible pour lui.
Les solutions contre l’anxiété de performance
Qu’il s’agisse que de vous ou que de votre enfant ou bien les 2 en même temps, les solutions sont les mêmes.
- La prise de conscience. Savoir faire la différence entre le travail bien fait et des réactions démesurées face à une réalité qui échappe est indispensable. N’oubliez pas l’adage « le mieux est l’ennemi du bien ».
- Observer les situations : y a-t-il des situations, des conditions ou des sujets qui sont plus sensibles que d’autres ?
- Observer les signes du corps. Est-ce que dans ces moments votre cœur bat plus vite, est-ce que vous avez chaud, est-ce que votre dos se tend ou votre gorge se serre ?
- Mettez en place de petites solutions. Essayez de voir du bon dans l’imperfection, octroyez-vous plus de temps ou simplement une petite pause. Cultivez l’instant présent et surtout laissez les scénarii catastrophe passer, attachez-vous à ce qui est réellement.
Si la situation concerne plutôt votre enfant alors peut-être revoyez vos exigences à la baisse. Calez-vous à son rythme, écoutez ses inquiétudes. - Surveillez la qualité de votre sommeil. Un sommeil de mauvaise qualité peut accentuer l’anxiété et en particulier si votre consommation d’écrans* est importante avant le coucher. Les effets sont beaucoup plus dramatiques chez les enfants. Donc n’hésitez pas à user de fermeté en supprimant les écrans au moins 2 heures avant l’heure du coucher.
*écrans concernés : tablettes, ordinateurs, smartphone, consoles de jeux car ils comportent des lumières bleues, psychostimulantes. Les téléviseurs sont plus distants des yeux et n’en comportent pas. Ils ne sont pas gênants pour le sommeil ; sauf s’ils sont positionnés dans la chambre. - Utilisez ces 4 premiers points à votre pratique du Yoga ! Travaillez sur le paradoxe du Karma Yoga en vous détachant des fruits de votre action.