7 raisons de ralentir

C’est un peu à la mode de dire qu’il faut ralentir, la mode du « SLOW » : slow life, slow eating, slow cook, slow down… Mais pourquoi veut-on nous ralentir ? Y a-t-il véritablement des bénéfices à ralentir ? Et y a-t-il une urgence à répondre à cette injonction de ralentissement ? Passons ici en revue 7 raisons de ralentir.

1) Les rythmes naturels du corps

Qu’on le veuille ou non, le fonctionnement de notre corps repose sur des rythmes : les saisons, les cycles menstruels pour les femmes, le cycle circadien (jour/nuit), les différents temps de la journée.

Notre système neurovégétatif est le chef d’orchestre des rythmes. Sous le contrôle du cerveau et en fonction de ce qu’il perçoit de l’environnement (notez l’importance de l’environnement), il active ce qu’il faut de réactions chimiques, de sécrétions hormonales, de comportements pour permettre l’adaptation à une situation, un moment. Concrètement, la perception de la lumière à travers vos paupières indique que le jour se lève et combiné à la baisse de sécrétion de mélatonine va par réactions en chaîne vous réveiller.

Le système neurovégétatif a deux moyens d’agir : le système sympathique qui permet l’activation et le système parasympatique qui permet la récupération. L’ensemble fonctionne grâce à un savant équilibre entre les deux. Comme pour le cycle jour/nuit, il y a au sein d’une même journée des phases d’activation : aller travailler, jouer à un match de foot, et des phases de récupération : digestion, moment calme. Ce fonctionnement n’est pas spécifique à un tempérament d’une personne, ni à de la motivation. Les deux aspects, activation et récupération, sont indispensables à l’équilibre fonctionnel du corps.

En France, en 2010, on estime que le temps physiologique est de 12h01 pour un homme et 12h22 pour une femme. Avez-vous le sentiment de passer 12h par jour à profiter de votre sommeil, de vos repas, ou de moments de repos ?

2) Dysfonctionnement et hyperstimulation : l’importance de ralentir

Mais si j’ai une journée bien remplie, que j’aime cela, et que je dors bien, pourquoi aurais-je besoin de ralentir ? La question n’est pas de savoir si on le veut mais plutôt si physiquement on en a besoin. Car, le fait de ne pas respecter ses besoins physiologiques constitue avec le temps ce qu’on appelle un stress de bas grade. Lequel peut provoquer moults dérèglements et pathologies telles que :

  • inflammations,
  • maladies chroniques,
  • insomnies,
  • irritabilité,
  • prise de poids
  • etc.

Avez-vous déjà ressenti la sensation de ne pas vous en sortir, d’avoir 1000 choses à faire, de passer du coq à l’âne ou de manquer de temps ? Il a donc peut-être un décalage entre ce que vous aimeriez dans l’idéal et ce que votre corps peut encaisser comme tâches ou comme pression.

Physiologiquement, nous avons donc besoin de temps de récupération. Et ces moments ne peuvent être dédiés à autre chose.

3) Le mythe du multitasking pour ne pas ralentir

Contrairement aux idées reçues les femmes ne savent pas faire plusieurs choses en même temps, ni les hommes d’ailleurs. Il a été démontré à de multiples reprises que le cerveau humain ne permet pas de faire 2 choses en même temps en ayant la même attention. On peut avoir une activité motrice, marcher par exemple, et réfléchir à un problème épineux en même temps. Mais si l’on a besoin de se concentrer davantage on va s’arrêter. Le processus de focalisation ne peut se faire que sur un seul objet/sujet en même temps. On va se concentrer sur l’une ou l’autre mais pas avec la même intensité sur les deux activités.

L’importance de l’attention et d’être à ce qu’on fait est donc primordial. Et d’autant plus, si l’on veut justement que ça aille vite et passer à autre chose.

4) La question de l’attention et de l’instant présent

Être attentif, c’est utiliser le plus efficacement les ressources limitées de notre système cognitif (notre cerveau). Ainsi, il fait le tri entre ce qui est pertinent et les distractions qui ne le sont pas par exemple. Concrètement cela permet de traiter les sujets de façon plus optimale et de faire des choix plus rapidement.

On se rend bien compte que la notion du temps qui passe n’est pas du tout le même lorsqu’on est concentré et où notre attention est accaparé. C’est un temps plus long, un temps plus qualitatif.

5) Les bienfaits du ralentissement

A partir du moment où le corps a des phases actives et des phases de récupération, l’ensemble fonctionne donc mieux. Avec notamment :

  • une bonne récupération de la fatigue et des ressources physiques et intellectuelles,
  • une meilleure digestion,
  • une respiration plus calme et abdominale,
  • cela permet également un temps plus qualitatif (instant présent),
  • et, d’être plus productif dans les phases actives

Si vous arrivez à un bon équilibre entre vos différentes phases, vous bénéficierez du meilleur rempart contre le stress et vous pourrez mieux faire face à votre charge mentale.

6) Comment fait-on pour ralentir ?

Ralentir c’est peut-être juste s’octroyer les petits moments dont on a besoin au quotidien : une petite pause, prendre le temps de déjeuner, pourvoir éteindre son téléphone pour couper les sollicitations, être vraiment là avec sa famille ou ses amis.

Concrètement, si vous sentez que vous êtes concernés et que physiquement vous avez besoin de ralentir alors il vous faut :

1. Ralentir votre respiration

Installez-vous dans un endroit calme, observez votre respiration et progressivement, très progressivement, essayez d’allonger votre souffle et en particulier vos expirations. Soyez attentif, votre ventre doit pouvoir bouger : se gonfler à l’inspire et s’aplatir à l’expire. Si ce n’est pas le cas, c’est que vous êtes encore dans votre tête, trop préoccupé.

2. Prendre le temps

Alors oui, il faut « trouver » du temps vide, pour vous permettre de souffler. Ce n’est pas simple mais c’est salvateur ! Parfois, il ne faut pas grand-chose pour permettre d’inverser une tendance. Et peut-être faut-il lâcher sur d’autres sujets pour se permettre ce temps.

3. Muscler son attention

Muscler son attention ça se travaille ! C’est tout le but de la méditation. Réussir à focaliser son attention de plus en plus rapidement, et pouvoir rester concentrer à chaque fois un peu plus longtemps. En pratiquant le Yoga, vous faites déjà cela. Vous focalisez votre attention sur votre respiration et sur votre corps. C’est donc un entrainement, une capacité qui se développe !

7) Y a-t-il une urgence à ralentir ?

Si intellectuellement on pense que c’est OK, qu’on n’est pas concerné, cela ne veut pas dire que c’est le cas pour le corps ! C’est notre corps qui nous dit si oui ou non on a besoin de ralentir.

Il n’en reste pas moins que nous vivons dans une société qui bouge vite où les normes de performances dans tous les domaines sont importants : vie personnelle, professionnelle, … Et, par ailleurs, l’impact de réseaux sociaux n’est pas sans effets sur notre attention au quotidien. Il suffit de voir le temps passer sur chaque appli.

Une étude comparative* sur les Français sur les trente dernières années précise la course au temps libre. « Autrefois privilège de l’aristocratie et de la bourgeoisie, le temps libre consacré aux loisirs caractérise aujourd’hui à l’inverse le bas de la hiérarchie. Ce sont maintenant les cadres qui travaillent plus longtemps, surtout depuis l’instauration du « forfait jour ». » Alors voilà, on court après le temps et/ou on n’arrive pas à apprécier le peu de temps dont on dispose. Quand on sait que l’un des gros enjeux des cadres de demain : c’est la capacité à se concentrer. On comprend alors pourquoi il est urgent… d’apprendre à ralentir !

* Atlas des Français, Laurence Duboys Fresney

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