Nous n’allons pas parler de lignes de conduite mais bien de menstruations ! On lit et on entend ici ou là beaucoup de choses à ce sujet. Est-ce qu’une femme peut faire du Yoga lorsqu’elle a ses règles ? Est-ce qu’il y a des contre-indications à la pratique sur cette période du mois ? Qu’est-ce qui sous-tend ces questions : des points de vue scientifiques, religieux ou des croyances ? Il nous a semblé utile de faire le point pour que vous puissiez choisir.

Peut-on faire du Yoga pendant ses règles ?

Le Yoga une affaire d’hommes

Le Yoga a été créé par des hommes et pour des hommes, au départ avec une notion de posture tout à fait sommaire : la posture assise. Puis, avec son développement, et en particulier son expansion au cours du XXe siècle, les femmes se sont mises au Yoga et la question des menstruations s’est posée. Lorsque l’on se penche dans certains ouvrages, on a plutôt l’impression au contraire, qu’on a éludé la question pour qu’on ne la pose plus. « Ne faites pas d’asana pendant la période des règles. » B.K.S Iyengar, Bible du Yoga.

Certaines pratiques de Yoga poursuivent encore aujourd’hui les enseignements de leurs maîtres. Et par exemple, il n’est pas rare qu’au démarrage d’un cours de Yoga Iyengar, le professeur demande à ses élèves de dévoiler qui a ses règles.

Règles & inversions

Mais l’histoire, les influences, la modernité ont permis au Yoga de multiplier le nombre de courants et d’approches. Progressivement, la question s’est circonscrite aux inversions. Les règles sont-elles une contre-indication au fait de tenir une posture avec la tête plus basse que le bassin ? Pour beaucoup la réponse est oui. Même la fille d’Iyengar qui a pourtant, sur la base des préceptes de son père, développé un Yoga pour les femmes, déconseille les inversions car elles empêchent le flux menstruel de s’écouler.

De (fausses) croyances

Bien que le livre de Geeta Iyengar date de 1990, on sait aujourd’hui que l’écoulement du sang menstruel n’a rien à voir avec la gravité. Pas plus que la digestion… Ce sont les contractions utérines qui sont à l’œuvre, sinon les femmes dormiraient debout plusieurs nuits par mois, depuis la nuit des temps !

Il n’y a, à ce jour, aucune étude scientifique démontrant qu’il y a une quelconque contre-indication à la pratique du Yoga et même des inversions !

En revanche, demeure toujours la notion des sens des énergies, apana en sanskrit. L’idée derrière est que si le flux est descendant, il faut maintenir le sens de l’énergie d’apana vayu, donc vers le bas.

Ahimsa, le respect de soi

En revanche, la période des règles peut être une période « prenante » pour le corps. Chaque femme est différente. Et il est vrai que les menstruations sont un moment de décharge hormonale qui peut nécessiter quelques jours avant de retrouver un certain équilibre. Selon les femmes, cela peut engendrer une baisse d’énergie, un manque de force, une labilité émotionnelle ou bien tout simplement des douleurs dans le bas ventre. Si c’est votre cas, il n’est peut-être pas nécessaire de vous rajouter de l’exigence ! C’est peut-être l’occasion de prendre soin de vous et de respecter vos limites, vos envies du moment.

Une pratique féminine du Yoga

Plutôt que de bannir le Yoga ou les inversions, peut-être que les règles sont l’occasion d’une pratique différente ? En effet, certaines postures peuvent aider à faire passer les douleurs du bas ventre, faire circuler l’énergie. Il peut s’agir également de méditations ou d’intentions différentes, peut-être plus liées à vos émotions du moment. Ou bien encore des pratiques plus restauratives ou plus douces comme le Yin, qui permettent de récupérer.

Vous l’aurez compris, la question n’est donc pas est-ce que vous pouvez faire du Yoga pendant vos règles mais bien est-ce que vous voulez ?

Pour aller plus loin

Si le sujet vous intéresse, sachez que les livres fleurissent sur le sujet. Il y a même des propositions pour connecter votre cycle à celui de la lune. Et ainsi avoir des pratiques de yoga très différentes selon les phases de votre cycle menstruel…

En cadeau, voici un extrait du livre de Clémentine Erpicum sur le sujet.