L’importance des drishtis

Vous avez probablement déjà entendu ce mot lors d’un cours de Yoga mais savez-vous exactement de quoi il s’agit ? Qu’est-ce qu’un drishti ? A quoi ça sert ? Et comment cela fonctionne ? On vous explique tout !

Qu’est-ce qu’un drishti ?

Un dhrisiti est un point de fixation du regard. Il permet l’alignement du sommet du crâne à la colonne vertébrale. Il en existe 9, afin de correspondre à plusieurs variantes d’asanas. Le fait de fixer un endroit particulier va amener naturellement la tête dans une position et donc la nuque et finalement entraîner la colonne. Le cerveau va diriger le corps là où l’on porte le regard. Ainsi pour un asana, la direction du regard va faire partie intégrante de la posture parce qu’il va « conduire le corps » et corriger les petites erreurs de posture. C’est aussi un excellent moyen de trouver son équilibre et de le garder.
Le drishti est un point de focalisation extérieur ou intérieur. L’objectif n’est pas de forcer sur les yeux, mais de les laisser aller à ce point. On le voit sans le voir, il est flou.

Les drishtis sont généralement pratiqués lors des méditations, des respirations ou durant la pratique des asanas. Mais cela ne les empêche pas d’être pratiqués isolément. Les points de fixation sont, en général, de deux sortes. Soit on se focalise sur une partie précise de notre corps, soit on regarde dans une direction extérieure à au corps. Mais il ne s’agit pas toujours de regarder, il s’agit plutôt d’orienter les yeux vers une direction spécifique.
Les drishtis sont reliés au chakra, en effet, certains sont invisibles, c’est le cas des chakras, sur lesquels on peut se concentrer. Les exercices peuvent aussi être réalisés avec les paupières complètement fermées.

Les 9 drishtis

1. Nasagra Drishti : attention portée sur le bout du nez

Il convient de fixer l’extrémité de son nez. On retrouve souvent ce Dristhi dans les asanas inversés et les postures arrières. Il est aussi utilisé dans le yoga des yeux, car il permet de travailler les muscles de la vision, mais aussi le système olfactif. Il peut être utilisé en méditation dans ce cas, il faut fixer le bout de son nez et fermer les yeux et pour qu’ils restent dans la même direction une fois les paupières fermées.
Les postures recommandées pour pratiquer ce drishti sont des postures telles que Uttanasana, la posture de la flexion avant debout, Chaturanga dandasana, Ustrasana, posture du chameau, Padmasana, ou encore Sirsasana.

2. et 3. L’Antara Drishti et Urdhva Drishti : attention portée respectivement vers le ciel et vers le bas

Ce Drishti peut être considérer comme une sorte de boussole pour aider le corps à garder la bonne posture avec le bon alignement. Il aide à maintenir un cap et permet ainsi de trouver et maintenir l’équilibre de la posture.
Des postures pour utiliser Antara Drishti : Padangusthasana ou posture des deux orteils, Ardha chandrasana ou posture de la demi-lune, ou Virabhadrâsana, le guerrier.

Des postures pour utiliser Urdhva Drishti : Padangusthasana, Chandrasana ardha, Virabhadrasana, Namaskar parsvakonasana.

4. Bhrumadhye Drishti : attention portée sur le 3e oeil

Le Bhrumadhye Drishti ou regarder vers son troisième oeil : réalisé avec les yeux fermés ou à moitié fermés. C’est le drishti est le plus utilisé en méditation. Le chakra du troisième œil, Ajna, est situé dans l’espace inter-sourcilier. Il est le chakra de la concentration !
Les postures les plus courantes pour ce drishti sont : Viparita Virabhadrasana, Matsyasana, Utkatasana, Eka pada paripurna vrischikasana, Urdhva padmasana, ou encore Viparita Virabhadrasana.

5. Nabhi Chakra Drishti : attention portée sur le nombril

Regarder son nombril c’est en Yoga comme regarder le centre du corps et aussi la région du Manipura Chakra. Il faut focaliser son regard entre le plexus et le nombril, c’est-à-dire vers Manipura, le chakra situé à trois doigts au-dessus du nombril.
Les postures associées sont : Karnapidasana, adho mukha svanasan, Baddha viparita kurmasana, et Niralamba sarvangasana.

6. Angusthamadhye Drishti : attention portée sur les pouces

Ce drishti permet d’étirer la colonne, le torse et les bras. Il a la faculté d’étirer, tout en gardant cet ancrage si important dans le Yoga. On l’utilise également en variante de l’Urdhva Drishti dans la posture du guerrier.
Ses postures sont : Urdhva hastasana, Garudasana, Virabhadrasana, et Suryanamaskar.

7. Hastagre Drishti : attention portée au bout du majeur

Dans ce drishti, il faut plonger son regard au bout de ses doigts en prenant comme point de focalisation le plus grand d’entre eux, c’est-à-dire l’extrémité du majeur.
Les postures qui utilisent Hastagre Drishti sont : Parivrtta Trikonasana, Virabhadrasana ou encore Utthita Trikonasana.

8. Padayoragre Drishti : attention portée sur les orteils

Regarder son gros orteil permet d’étendre le torse vers les pieds. Les orteils deviennent le centre de l‘attention et permettre dans les postures de flexion d’étirer un peu plus le corps avec le torse qui va s’étendre en direction des pieds (à condition que le dos reste droit !). C’est le drishti utilisé notamment dans les postures de flexion assise.
Typiquement des postures comme : Paschimottanasana ou Janu Sirsasana.

9. Parsva Drishti : attention portée par le regard de droite et de gauche

Parsva Drishti, c’est tout simplement porter son regard à l’horizon en se tournant vers la droite ou vers la gauche. C’est par excellence le drishti des torsions qui permet de guider le haut du corps.
Ses postures associées sont donc : Ardha Matsyendrasana ou Pasasana.

Les bienfaits des drishtis

Aligne la posture

Si vous ne regardez pas au bon endroit c’est que votre alignement n’est peut-être pas juste. Lorsque vous pouvez vous concentrer sur le drishti indiqué c’est que vous êtes dans la posture et vous pouvez donc focaliser votre vision. Si ce n’est pas le cas c’est peut-être qu’il y a un étage qui pêche dans votre posture.

Aide à l’équilibre

Nous l’avions déjà vu lorsque nous avions décrit le processus d’équilibration. En effet, la vue est très importante dans l’équilibre. Fixer un point précis aide à trouver puis à tenir l’équilibre. Cela ne dispense pas de travailler la proprioception avec les pieds et les sensations du corps, mais la stabilisation du regard se travaille également.

Apaise le mental

Ce n’est pas pour rien si l’EMDR utilise les mouvements oculaires pour accompagner des victimes de traumatismes dans une forme de désensibilisation afin que le traumatisme soit moins prégnant, moins sensible. Lorsque vous fixez un point, cela empêche les yeux de s’agiter. C’est-à-dire que cela empêche le film du mental de poursuivre son déroulement, ainsi que les jugements, et le discours intérieur.

Entraîne à la concentration

Et c’est bien ce point qui est le plus développé pour les Yogis car la pratique de drishti permet de focaliser son attention sur l’instant présent. Ainsi, la méditation est facilitée car le drishti évite l’éparpillement des pensées.

Renforce la vue

Concentrer le regard grâce aux drishtis permet de stimuler le nerf optique, de muscler les yeux, d’améliorer la circulation sanguine et la vue. Ceux-ci ont également le pouvoir d’assouplir et de stimuler l’irrigation des yeux.

En Ashtanga yoga, pour chaque posture, un drishti lui est associé. Mais attention, car il n’y a pas un seul drishti pour une posture. L’essentiel est de pouvoir se concentrer. Pratiquer les drishtis les yeux ouverts est plus facile que les pratiquer les yeux fermés. Au début, il faut garder les yeux ouverts pour maintenir une concentration pendant un certain temps. Souvent, la plus grande difficulté n’est pas de le trouver, mais bien de le tenir !

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