Faut-il être végétarien pour être un bon yogi ?

L’inde n’est un pays unifié et indépendant que depuis 1950. Il dispose aujourd’hui d’une grande variété de territoires culturels et culinaires. Aussi, croire qu’il y a une unique cuisine indienne est une erreur. Les différences géographiques, religieuses sont très importantes d’une zone à l’autre et donne à la cuisine des goûts et des couleurs différentes. Pourtant, on a souvent en tête que l’Inde est le pays des végétariens et que pour être un bon yogi il faudrait être végétarien. Mais qu’en est-il véritablement ?

Le végétarisme indien : une idée reçue

Dans le Sud et le Nord-Est du pays, les régions sont plus humides. Dans ces régions, le riz est la base de l’alimentation. Tandis que dans les plaines centrales et le Nord, ce sont plutôt des pains plats. Car en effet le Nord est plus propice à la culture du blé. Près des côtes comme chez nous, les populations sont habituées à consommer du poisson, tandis qu’ailleurs, c’est souvent les viandes comme le porc – sous l’influence de la Chine – ou l’agneau – sous l’influence de la religion musulmane.

Les apports animaux indispensables

Voici une citation intéressante sur le rôle de l’alimentation animale pour les humains. Elle est tirée du livre de Claude Fischler, L’homnivore dont nous vous recommandons fortement la lecture. « La viande présente a priori des avantages considérables sur le plan [nutritionnel]. Les protéines qui forment le corps humain sont constituées à partir d’une vingtaine d’acides aminés. L’organisme est capable d’une synthétiser lui-même une douzaine. Il reste dix acides aminés (dits « essentiels ») que notre organisme ne peut synthétiser et qu’il doit donc trouver dans les aliments, en particulier les protéines. Or si un grand nombre d’aliments d’origine  végétale contiennent des protéines, c’est dans la plupart des cas en moindre proportion que les produits animaux. Mais la différence est surtout qualitative : dans les végétaux, les acides aminés essentiels qui sont le plus précieux pour l’organisme humain sont en général peu abondants. A l’exception notable du soka, on estime que la qualité des protéines d’origine animale, sur ce plan, est de 25 à 50% supérieure à ces des végétaux les plus riches en protéines. Par ailleurs, les produits animaux sont riches en vitamines (A, B et E notamment) et en minéraux indispensables. Les aliments d’origine animale, s’ils ne sont pas à proprement parler indispensables à la survie, constituent donc une source particulièrement précieuse de nutriments essentiels facilement assimilables. ». Petit rappel sur les piliers de l’alimentation santé ici.

Un choix personnel

Sur le sujet du choix, la réflexion du même auteur est intéressante. En effet, «  notre relation à la chair animale comporte à la fois une dimensions fondamentalement psychologique et fondamentalement sociale. Elle met en jeu tous les ressorts de la sensibilité individuelle et, en même temps, dans toutes les sociétés, elle se situe au cœur même du lien social. […] La chair c’est d’abord ce dont nous sommes faits et la consommer implique de régler la question de la distinction entre le même et l’autre. La chair, en second lieu, implique le partage d’une dépouille : elle met en jeu la coopération, l’altruisme, et elle pose donc des questions fondamentales pour l’ordre social. »

Une meilleure écoute de sa digestion

Les aliments d’origine végétale seraient plus légers et plus digestes. La légèreté calorique est une évidence, en revanche la digestibilité est variable en fonction du type d’aliment et de l’état du microbiote de la personne. Les végétaux riches en fibres crus ou fermentables comme les légumineuses peuvent provoquer une digestion difficile avec notamment des ballonnements. Mais il semblerait tout de même que la « surcharge » digestive soit moindre avec les apports végétaux vs animaux.

Les valeurs philosophiques

Dans le Yoga il y a des valeurs fortes qui sont portées telles que le respect de soi, de l’autre, la compassion ou encore la non-violence. Ces valeurs mettent à mal la culture animale. C’est d’ailleurs souvent la raison invoquée par les Yogi pour expliquer leur choix d’être végétarien. Ne pas faire souffrir une autre espèce, respecter la vie.

Une dimension écologique

Enfin, dans le choix du végétarisme, il peut y avoir une dimension écologique avec l’idée d’une juste utilisation des ressources. Faire le choix du végétal c’est faire le choix de productions dont les impacts négatifs sur la planètes sont limités comparativement à ceux des animaux. Qu’il s’agisse des gaz à effets de serre, le gaspillage alimentaire, la pollution de l’eau ou la déforestation pour les cultures animales.

Le lien entre Yoga et végétarisme

Finalement c’est la prise de recul qu’apporte le Yoga, la prise de conscience de ses actes, de son état propre, de sa propre santé, qui peuvent amener à cheminer vers la question du végétarisme. Il n’y a pas de lien direct qui voudrait que pour être un bon yogi, il faudrait être végétarien. Ce n’est pas lié.

Et pour aller plus loin sur le sujet, voici le lien vers un article du blog Courrier International.

Petit Cadeau : quelques pages de la BD Les secrets du Yoga de Clémentine Erpicum sur le sujet.

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