Les limites de ma souplesse

Souvent on vient au Yoga pour trouver plus de souplesse. Ca fonctionne plutôt bien, mais on entend parfois certains élèves se plaindre de ne pas arriver à … une posture, un point attendu. Alors ils se demandent pourquoi leur corps résiste. Et tentent avec toute leur volonté et leur motivation de passer outre résistance. Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui est de comprendre d’où vient cette résistance. Pourquoi le corps met une limite à la souplesse ?

En réalité, ce n’est pas forcément qu’une question de souplesse. Il y a plusieurs éléments qui empêchent la réalisation d’une posture telle qu’on voudrait la faire.

Qu’est-ce qui permet la souplesse ?

Etat de tension vs souplesse

La fonction tonique est la fonction fondamentale de l’approche psychomotrice. Pour les psychomotricien, le tonus est définit comme « une tension des muscles par laquelle les positions relatives des diverses parties du corps sont correctement maintenues et qui s’oppose aux modifications passives de ces positions ». Notre corps dispose ainsi d’un tonus minimal qui permet à la fois les mouvements et ce tonus serait à la base également de nos liens avec les autres, les émotions. On comprend donc aisément le lien entre le stress et la sensation de tension dans le corps. Laquelle est une source d’énergie qui a besoin d’être évacuée par le mouvement. Or si le niveau de tension est élevé, le corps sera d’autant plus tendu et ne se laissera pas aller à l’étirement car au contraire, il aura besoin de mouvement. Il faut donc dans un premier temps calmer le jeu.

La fatigue

Et oui, votre niveau de fatigue va jouer sur votre tolérance à la sensation d’étirement, il faut dire, pas toujours agréable. Cela aura aussi un impact sur votre capacité à prendre du recul ou à accepter. Vous risquez d’être plus intransigeant avec vous-même ou au contraire, incapable de fournir l’énergie nécessaire à la réalisation des postures. Il vous faudra dans ce cas faire preuve d’une vraie indulgence à votre égard car il est normal de ne pas être au top lorsque l’on est fatigué.e. Profitez-en au contraire pour vous ressourcer et lâcher-prise !

La respiration aide la souplesse

Vous le savez, le calme s’obtient d’abord et toujours par la respiration. Le ralentissement de votre respiration, la prise de conscience du fait que vous respirez va vous détendre, calmer votre organisme. Ce calme progressivement retrouvé va vous permettre également de prendre de la distance avec vos pensées et autres injonctions que vous avez en tête.

Pourquoi mon corps ne s’assouplit pas plus ?

Les possibilités limitées du corps

Votre corps est ainsi fait. Et même s’il y a des choses sur lesquelles nous pouvons agir, il y a des éléments de notre corps que nous ne pouvons pas changer.

La raideur des tissus : Les tissus sont plus ou moins extensibles. Du plus au moins, nous avons : le muscle, l’aponevrose – fine membrane recouvrant les muscles, la capsule (articulaire !), le ligament, le tendon et l’os. Nous pouvons agir sur certains mais pas sur tous. Il y a un effet de la régularité mais également de l’âge, et du respect de ses propres sensations. Car paradoxalement plus on force, plus on contraint et moins ça fonctionne. Ce qui n’est pas le cas dans le renforcement musculaire où là, on peut challenger le mental. En revanche, sur la souplesse non. C’est plus une question de patience et d’acceptation.

La forme des os : toutes les formes sont dans la nature ! Si vous n’êtes pas convaincu.e, nous vous invitons à consultez le travail photographique qu’a fait Paul Grilley pour vous rendre compte de la variabilité qui peut y avoir d’un corps à l’autre.

Les phénomènes inflammatoires

Si vous souffrez d’une maladie auto-immune, d’arthrose ou êtes sujet.te aux inflammations, cela peut avoir des répercussions sur vos articulations. Et là, la douleur peut être vive au point d’empêcher la posture. Dans ce cas, il faut adapter. La douleur articulaire n’a pas sa place dans une pratique de Yoga ! En revanche, ayez en tête que de petits mouvements articulaires sans charge sont bénéfiques pour les articulations, ils fluidifient la capsule et nourrissent les cartilages. Ça donne quasi-instantanément une sensation de « dérouillage ».

La volonté vs l’acceptation

Comme nous l’avons dit plus haut, la tolérance à ces propres limites est probablement un des premiers enseignements du Yoga. La volonté c’est bien, mais l’égo doit rester à la porte de votre Studio de Yoga. Il faut être à la fois bienveillant et lucide sur soi-même. Si vous avez du mal à décrocher de ces objectifs, peut-être est-ce utile de creuser, de vous poser des questions telles que : Qu’ai-je à gagner à réaliser telle posture ? Qu’est-ce que ça dit de moi si je réussi ou si j’échoue ? Pourquoi attendre une telle chose de moi-même ? Quelle est l’attente sous-jacente ? Etc. La pratique du Yoga est un rendez-vous avec vous-même, en aucun cas une sélection pour les jeux olympiques !

C’est en forgeant qu’on devient forgeron !

La bonne nouvelle tout de même c’est que le corps s’accoutume, dans une certaine mesure aux mouvements et aux étirements. Au fur et à mesure de la pratique, la tolérance à l’étirement est plus facile. Et les mouvements sont plus fluides. C’est cette sensation de légèreté adaptée à vous qui va vous plaire dans le Yoga et que vous allez vouloir entretenir. C’est finalement ni plus ni moins que l’entretien de soi, de son corps dans ses possibilités.

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